Le Grissin de Turin
Pour la petite histoire
En 1666
naquit à Turin le Duc Victor Amédée II qui deviendra
en 1713 le premier Roi de la Maison de Savoie.
Victor Amédée était un enfant chétif et souffreteux et sa mère la
seconde Madama Reale soucieuse de la santé de son fils avait
consulté un médecin qui jouissait, à l'époque d'un grand renom: don Baldo Pecchio, de Lanzo Torinese.
Ce dernier eut un trait de génie et diagnostiqua au jeune duc une
intoxication alimentaire (la gastro-entérite de nos jours)
provoquée par l'ingestion de pain infecté par des bactéries
intestinales pathogènes.
A l'époque, le pain que
l'on appelait ghessa, ou grissia n'était pas préparé dans les
meilleures conditions, on le cuisait très peu et très
mal.
Don Baldo qui se souvenait encore de certaines "grissiette" bien
cuites que sa mère lui préparait lorsqu'il était enfant et souffrait
de la même maladie intestinale, ordonna au boulanger de la cour
Antonio Brunero de préparer un pain très mince et bien cuit, mieux
encore "bis-cuit" afin de détruire grâce à une parfaite cuisson,
tout micro-organisme présent dans la pâte.
Le résultat fut un produit impeccable du point de vue de l'hygiène
et sans bactéries: le grissin.
L'histoire raconte qu'avec ce pain, le médecin alimenta son noble
patient et le guérit.
De la ghessa on passa donc au ghersin (petite ghessa), ensuite
italianisé en grissino.
Ainsi naquit le grissino et à Turin fut
attribuée l'appellation de Grissinopoli. Comme dit plus
haut, Victor Amédée II le miraculé du grissin devint ensuite le
premier Roi de la Maison de Savoie. La dynastie consolida rapidement
sa position et, en privilégiant le Piémont elle posa les jalons du Risorgimento italien et du Royaume d'Italie qui suivra. On pourrait
donc dire qu'après le grissino est né le Risorgimento italien !
Ce célèbre pain turinois que Napoléon appréciait et appelait le petit
bâton de Turin, ne tarda pas à conquérir le monde
entier en devenant le Pain des Rois et le Roi des pains.
La légende du château
Venaria Reale :
Il y a un fantôme qui, pendant la nuit, erre circonspect dans le
Château de Venaria Reale, enveloppé dans long manteau noir. De sa main gauche il
tient en bride un coursier blanc qui piaffe, alors que, de sa main
droite, il s éclaire d'un petit cierge doré en forme d'un long
bâtonnet :
c'est le fantôme de Vittorio Amedeo II
Mais ce n'est pas une petite bougie avec laquelle le
Duc Roi Vittorio éclaire son chemin, mais plutôt un gressin ardent !
C'est justement grâce à ce noble "aliment médicament" que le
médecin de Cour de la Maison de Savoie, l'abbé Baldo Pecchio réussit
un miracle, en guérissant le jeune duc d'un grave mal intestinal.
C'est parce que Vittorio, "le miraculé par le gressin" en se
nourrissant de cet aliment, guérit dans les six mois, prit le
pouvoir, se maria, chassa sa propre Mère Régente et démarra le
Royaume de la Maison de Savoie et le "Septcent Piémontais". Il
s'ensuivit l'ascension rapide de la Dynastie laquelle, en
privilégiant le Risorgimento Italien, jeta les bases de la future
constitution de l'Unité d'Italie, de sorte qu' aujourd'hui, on
pourrait dire à bon droit: "Nous sommes italiens grâce au gressin"
Reconnaissant et obligé au gressin de Turin, créé pour lui, Vittorio
parcourt chaque nuit les sombres écuries et galeries du Château de
Venaria, qu'il éclaire symboliquement encourage en agitant son
bien-aimé et flamboyant gressin : le pain des Rois ou le Roi des
pains.
Site du
château de la Veneria Reale
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